Histoire d’une publication : Angélique Hacker

Avec « Histoire d’une publication », je vous emmène dans les coulisses de la création de mes romans. Découvrez-en plus sur le récit derrière le récit !

Cette nouvelle série de billets débute avec mon tout premier roman publié, Angélique Hacker. S’il n’est pas exactement le premier de l’ensemble de mes projets d’écriture, il reste le grand initiateur d’un engouement pour la rédaction d’histoires de fantasy qui ne s’est jamais éteint.

La genèse : un jeu qui n’en est pas qu’un

L’histoire d’Angélique Hacker commence par une belle journée de l’été 2003. J’ai 9 ans et ai décidé de profiter des vacances scolaires pour explorer de nouveaux terrains de jeu. Alors que je me trouve en compagnie de ma sœur, de deux ans mon aînée, celle-ci me propose une nouvelle activité amusante : et si nous inventions des histoires et les écrivions, comme des romans ?

L’idée m’intrigue. Inventer des histoires, c’est mon jeu favori depuis toute petite. Je le pratique en particulier avec toutes sortes de poupées et figurines que j’aime collectionner, ainsi que dans des cahiers que je remplis de fiches de personnages ou de dessins. Mais les coucher sur le papier, comme de vrais romans, comme ces merveilleux livres que j’ai commencé à lire depuis quelques années avec assiduité… Le principe est plus que séduisant.

Je me lance aussitôt dans ce jeu qui n’en est pas qu’un. Ils sont nombreux, les gens qui écrivent un journal intime, un poème, un début d’histoire, parfois avec de belles idées ou une plume agréable, mais plus pour essayer et s’amuser que par réelle envie de mener le projet jusqu’à son terme, en affrontant aussi les aspects les moins plaisants. Moi, je ne veux pas m’arrêter là. Si je commence une histoire, c’est pour la finir.

Je me lance dans la rédaction d’un premier récit très simple, une amourette collégienne comme j’en ai vues à la télévision ou dans des bandes dessinées. Dix chapitres, une page chacun. La rédaction est bouclée en quelques jours. Je l’agrémente d’illustrations, une pour chaque chapitre, aidée de ma sœur qui, si elle n’a pas poursuivi le jeu de l’écriture au-delà de quelques pages, a en revanche une main bien plus sûre que la mienne pour le dessin.

Ce tout premier projet, au scénario et à l’écriture d’une enfant d’à peine 10 ans, mais néanmoins complet et mené jusqu’au bout, sera imprimé avec l’ordinateur familial et relié par mes soins à l’aide de rubans. Toute fière de mon travail, je sens pourtant que le « jeu » n’est pas terminé. En effet, à quoi bon l’écrire, si personne ne le lit ? Je le présente d’abord à mes amies puis, enthousiaste, je le lis devant toute ma classe, qui m’écoute jusqu’au bout. Complètement grisée par l’expérience, je comprends que ce n’est plus pour moi un jeu, mais une véritable passion qui a éclos.

Entre-temps, j’ai déjà commencé la rédaction d’un deuxième roman, celui-là porté sur l’un de mes intérêts du moment : les magical girls. Cette fois, la rédaction ne se fait pas d’une traite, est plus longue, plus périlleuse. Je m’y reprends à plusieurs fois, j’écris une histoire de dix chapitres (toujours d’une page chacun), j’essaye de faire une bande dessinée. Mais mon piètre talent en dessin et l’aspect fastidieux de la mise en cases me conduisent à renoncer à ce projet. Je me sens bien plus à l’aise avec l’écrit seul, bien que ce roman-ci ne me satisfasse pas. Je le trouve considérablement en dessous des œuvres que je lis à cette époque. Je laisse ce projet dans le tiroir.

Peu importe, car dans le même temps, j’ai déjà commencé un troisième récit. Celui-là, je le veux beaucoup plus ambitieux. Finies les petites histoires et les pastiches de dix pages, terminé l’entraînement : cette fois, c’est du sérieux. Ce projet, qui répond pour l’instant au sobre nom d’Histoire III, commence par des fiches sur des feuilles volantes et un cahier bleu…

La rédaction : acharnement et procrastination

Treize années auront été nécessaires pour écrire le premier jet sur cahier de ce qui a rapidement pris le nom d’Angélique Hacker puis son deuxième jet sur ordinateur. Le projet reste dans ma tête en permanence et j’écris régulièrement… mais pas tous les jours et souvent une phrase à la fois. Le brouillon sur cahier démarre très vite et se déroule tout aussi vite, dans un style encore très minimaliste. J’ai les idées, mais au début, je les couche en allant droit au but, sans m’embarrasser de descriptions lyriques, d’envolées philosophiques ou de dialogues mystérieux (rappelons que j’ai une dizaine d’années à l’époque). Les chapitres sont courts, toujours terminés par une illustration de ma main malhabile mais volontaire, qui me permet de fixer les éléments visuels surgissant dans ma tête. Plus j’avance dans le récit, plus les chapitres s’allongent et plus mon rythme d’écriture ralentit. Alors que je grandis, ma prose se densifie… tout comme mon emploi du temps. On m’a d’ailleurs dit très tôt qu’écrire ne serait pas un métier mais un passe-temps. Aussi je n’y consacre pas le temps nécessaire pour avancer rapidement. Grossière erreur… Car cette fois, le récit est beaucoup plus ambitieux. Non par la complexité de son intrigue, mais par sa longueur, tout simplement. Finis les livres de dix pages. Les chapitres s’enchaînent, dix, quinze, vingt-cinq et de plus en plus longs.

En février 2017, je mets enfin un point final à la version retranscrite sur ordinateur. Par rapport au brouillon sur cahier, le texte est déjà fortement enrichi et rallongé. Il n’a plus grand-chose à voir avec le premier jet, qui fait désormais presque office de storyboard, si ce n’est le squelette de l’histoire et des personnages. Mais les scènes, elles, ont déjà été allègrement rallongées et détaillées, modifiées pour certaines, ce qui m’a pris un temps considérable. Des éléments de l’intrigue ont été modifiés pour former un tout cohérent, un système de magie a été créé, le passé des personnages a été approfondi… Je ne suis plus sur le cahier de mon enfance, mais sur une histoire aboutie.

En treize ans, j’ai aussi grandi, mon style d’écriture s’est affiné et cela se voit nettement dans ce tout premier roman complet : les premiers chapitres tiennent sur une page ou deux quand les derniers s’étalent sur dix ou vingt, les descriptions s’allongent tout au long du livre… On sent que le début et la fin n’ont pas été écrites à la même époque.

La relecture : une minutie de longue haleine

Je prends deux années pour relire et corriger mon ouvrage. Entre-temps, j’ai terminé mon deuxième roman, commencé au collège. Le petit frère ayant été plus rapide que le grand, il hérite de la quête des maisons d’édition (je vous conterai tout cela dans « Histoire d’une publication : Les Portes du chaos »). L’aîné, de son côté, n’est aucunement destiné à attendre sagement les résultats de son cadet. Pendant que ce dernier tente d’appâter les éditeurs, Angélique Hacker se prépare pour sa propre mission : la publication en autoédition.

Mais avant cela, le roman doit passer l’épreuve du feu : la bêta-lecture. Hors de question de jeter la jeune magicienne dans l’arène sans l’avoir testée d’abord sur une cobaye minutieusement choisie. En l’occurrence, le choix de la première lectrice s’impose de lui-même : qui de plus logique pour découvrir cette histoire que la personne qui m’a donné en premier envie de l’écrire ?

Trois mois plus tard, le verdict de ma sœur tombe : la première moitié du livre est à reprendre si je veux la mettre au niveau de la seconde. C’est un coup dur, après quinze ans de travail, et je commence par hésiter. Ai-je vraiment envie de récrire toute la première moitié du roman ? Mais je tombe rapidement d’accord : après tout, en quinze ans, de l’école primaire aux études supérieures, mon style d’écriture a énormément évolué. C’est donc logique que le début et la fin fassent le grand écart. Si mon objectif est toujours de vendre mon livre en bonne et due forme, je me dois de reprendre le début.

Je suis donc repartie pour un an de travail. Les personnes familières avec la rédaction, la relecture et la correction le savent : rallonger est toujours plus difficile que couper. Couper est émotionnellement ardu, mais une fois la répulsion surmontée, délimiter la coupe est une affaire de quelques minutes. Rallonger, en revanche, demande de trouver de nouvelles idées, de les rédiger avec style, de les insérer dans le récit sans ajouter d’erreurs… En somme, de se remettre à l’ouvrage comme à l’étape de la rédaction. Heureusement, j’ai la motivation et de bonnes indications.

Les dernières retouches et vérifications m’amènent au mois d’août 2020. Toutes les étapes prépublication ont été remplies, mon épreuve du feu m’a suffit, je n’ai plus qu’une envie : envoyer Angèle en première ligne.

La publication : Angèle déploie ses ailes

Commence alors la deuxième partie de cette grande aventure. Après l’épopée de la rédaction, voyage au pays de l’imagination, la créativité et la poésie, la quête de la publication m’entraîne dans les méandres des mentions légales, des spécifications techniques des livres numériques et du marketing sur la Toile. Heureusement, je peux compter sur ma formation professionnelle : ayant travaillé comme correctrice en maison d’édition, les livres et leurs dessous me sont déjà familiers ; ma formation scientifique initiale sur une épaule et mon appétence pour l’informatique sur l’autre assurent mes arrières face aux défis techniques. Seul l’aspect commercial qui viendra après la publication m’intimide sérieusement, mais je compte sur ma formation de journaliste pour m’épauler une fois dans la jungle des réseaux sociaux.

Je m’attaque donc à la mise en ligne de ma chère magicienne. Je décide de commencer par le format numérique et de m’y restreindre pour ce premier essai : le défi est déjà assez conséquent, pas besoin d’ajouter de la difficulté. Et puis, je ne compte pas m’arrêter après un premier livre… Je dois d’abord choisir ma plateforme de publication. Cela fait déjà un moment que je les compare et mon choix s’est porté sur Bookelis. Mais à l’étape de l’ISBN (le numéro d’identité du livre), je me rends compte que le site n’est pas à jour par rapport à ce qui est indiqué sur le site de l’AFNIL (l’organisme qui délivre les ISBN). Je prends peur et décide de revoir ma stratégie.

J’avais d’abord opté pour une plateforme qui centralise tout et me permet de publier sur les sites de vente les plus fréquentés, le tout pour un coût minime voire nul et avec une procédure facilitée, tout en me laissant un contrôle et une autonomie maximales. Les sites de vente visés s’avèrent être Amazon et Kobo/La Fnac. Lesquels proposent déjà leur système de publication, en l’occurrence Kindle Direct Publishing (KDP) et Kobo Writing Life (KWL). Partant, pourquoi donc passer par un intermédiaire ? Je ne rechigne pas à me charger des aspects les plus techniques et le passage d’une seule plateforme à deux reste encore raisonnable pour moi. Direction donc KDP et KWL !

Je prends un mois pour suivre minutieusement les guides de mise en forme afin de préparer mon tapuscrit pour sa publication en ebook. Pas question qu’un problème technique vienne tout gâcher au dernier moment ! Arrivée fin septembre 2020, je suis au bout du processus, je n’ai plus qu’à cliquer sur publier. Le 1er octobre 2020 (ne me demandez pas pourquoi Amazon indique 30 septembre sur la page produit, une erreur d’horloge sans doute…), Angélique Hacker est disponible sur Amazon. Quelques jours plus tard, le roman est également disponible sur Kobo et le site de la Fnac.

J’ai réussi, j’ai enfin publié mon tout premier vrai roman, après quinze ans de travail ! J’ai à présent toute la promotion à faire sur la Toile, mais je suis fière de moi et tellement heureuse qu’Angèle fasse enfin le grand saut. Je me fais une promesse pour mes prochains romans : ne pas mettre autant de temps à arriver au bout du projet ! Mais avant cela, je dois encore terminer deux ouvrages commencés respectivement au collège et au lycée. Car, oui, la majeure partie de la rédaction d’Angélique Hacker s’est déroulée en parallèle de ses deux petits frères. Alors qu’Angèle entre en scène, Danaël revient de sa chasse aux éditeurs et Jenny écrit ses dernières pages…

À suivre !

ST

Publié par Sarah Touzeau Romans

Romans fantasy et science-fiction

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